Deux ports méditerranéens en ont aussi été très affectés ces dernières années. En effet, les ports de Rachid et de Damiette se trouvent non loin des embouchures du Nil et reçoivent la pollution provenant des villes du Delta, à commencer par le Caire, ce qui a grandement nuit au travail des pêcheurs. Souvent, à cause de cette pollution, les poissons sont devenus impropres à la consommation.
Alors les pêcheurs de Damiette et de Rachid se sont reconvertis à la pêche hauturière. Pour cela ils ont construit de nouveaux bateaux, des chalutiers, qui prennent le large parfois pour plusieurs jours. C'est devenu un métier très rentable et les armateurs en sont pleinement satisfaits.
La sardine, qui avait pratiquement déserté les marchés égyptiens, est revenue en masse ainsi que les maquereaux et les nombreux poissons de mer.
Non loin des rivages, les pêcheurs mouillent leurs nasses de joncs et ils en retirent les langoustes et langoustines ainsi que de nombreuses crevettes, des araignées et des crabes.
Les ports de Rachid et de Damiette ont repris vie après de longues années d'assoupissement.
En bordure de la corniche sur les bords du Nil, à Rachid, sont amarrés de superbes bateaux peints avec des couleurs vives et dont les proues très relevées sont élégamment décorées. Sur le trottoir, des pêcheurs ravaudent leurs filets. Dans les rues de Rachid, beaucoup d’hommes portent encore le costume traditionnel de pêcheurs : pantalon très large par le haut retombant très serré sur les mollets, gilet noir sur une chemise blanche. C’est l’ancien costume de Rachid.
Rachid, avec Naucratis, Damiette et Tennis, était l’un des principaux ports de l’Egypte pharaonique sur la Méditerranée. Le port de Rachid était situé au fond d’une boucle du Nil, la branche bolbutique, car à l’époque gréco-romaine Rachid s’appelait Bolbuthis.
A l’époque copte, la ville de Bolbuthis a repris son ancienne dénomination pharaonique Rachit qui devint par la suite Rachid en langue arabe.
Quant au nom de Rosette donné à la ville de Rachid par les Français, c’est une histoire des plus curieuses.
Le 5 juillet 1798 la cinquième division du général Dugua arriva à Rachid. Les soldats français de l’armée de Bonaparte trouvèrent ici le Nil tellement beau, son embouchure épousant une forme de rose et les eaux du fleuve se mêlant à celles de la Méditerranée étant de teinte rosée, qu’ils dénommèrent cette branche du fleuve et la ville, Rosette.
La pêche à Damiette eut ses heures de gloire surtout avec son port d'Ezba El-Bourg appelé jadis Bogas, mot qui veut dire "embouchure". C'est dans ce village que demeuraient les capitaines des germes, de larges barques qui déchargeaient les vaisseaux et les tiraient hors des bancs de sable. Ces germes remorquaient les saïques et autres navires qui voulaient entrer ou sortir par l'embouchure du Nil ; ils leur montraient aussi le chemin entre les bancs de sable nombreux dans cette rade.
Comme maintenant, Bogas était aussi un village de pêcheurs. Les autres secteurs importants de la pêche en Egypte sont El-Tor sur la mer Rouge et le golfe d'Akaba.
A l’époque pharaonique, El-Tor était une station navale très réputée et fréquentée par les marins phéniciens et ceux du roi de Tyr qui assuraient le commerce entre les pays d’Orient et l’Egypte.
El-Tor était une escale importante sur le golfe de Clysma (celui de Suez) et comme il arrivait que les vents du nord empêchent les navires de remonter vers Suez, les marchandises étaient débarquées à El-Tor et acheminées par voie de terre vers Suez.
Entrepôts et magasins entouraient le port et les anciennes maisons qui entourent le monastère Saint Georges, témoignant de la richesse des armateurs qui assuraient le trafic des marchandises. Depuis la lointaine époque pharaonique et jusqu’à l’aube du XXème siècle, El-Tor n’avait jamais cessé d’être un port important pour le commerce égyptien. Mais l’ouverture du Canal de Suez, en 1869, fit très vite péricliter le trafic du port d’El-Tor qui n’abrite maintenant que des barques de pêcheurs.
Les poissons sont variés à El-Tor et dans le golfe d'Aqaba comme à Nouéba portant les noms de bara, loks, batata, harid, kochari et rahman. Il y a encore des langoustes appelées “stakosa”. Aux requins, qui approchent très peu des côtes et qui s’aperçoivent au large, il faut ajouter le porc-épic de mer, un poisson très curieux qui se gonfle parfois à la dimension d’une grosse tortue.
Un voyageur du XIIème siècle, Pierre Diacre qui était le bibliothécaire du monastère du Mont Cassin en Italie, écrivait ainsi en l’année 1137: “ Cette mer renferme toutes espèces de poissons savoureux à l’égal de la mer d’Italie ”, ajoutant qu’il s’y trouve une abondance extrême de coquillages, comme on n’en trouve nulle part ailleurs, ainsi que beaucoup de coraux.
Certaines tribus bédouines riveraines du golfe d’Akaba, comme à Charm El-Cheikh, Nouéba et Tarabin, arment de petits bateaux pour partir à la pêche, et ramènent dans leurs filets de grandes variétés de poissons. Mais la pêche sous-marine est interdite, les plongeurs n’ayant que le loisir d’admirer les profondeurs du golfe.
Une autre sorte de pêche reste accessible à tout le monde, c’est celle des coquillages à marée basse. En effet, la mer se retire sur plusieurs dizaines de mètres laissant à découvert des roches plates où les estivants peuvent cueillir à leur guise un grand nombre de fruits de mer. Pour cela, il suffit d’être armé d’un vieux couteau ou d’une solide fourchette.
Le panier du pêcheur peut ainsi rapidement se remplir de petites moules, de bigorneaux arrondis ou torsadés, d’oursins, d’huîtres, de berniques, de genres de palourdes et même d’étoiles de mer. Il existe encore un genre d’oursin qui, dans l’eau, se présente comme un gros bouton de rose. Il n’est pas comestible et en se desséchant, une fois sorti de l’eau, il tombe en poudre.